« Inabstrait » consisterait à évoluer librement entre le monde abstrait
et le monde figuratif, entre le monde réel et le monde imaginaire,
pour créer une oeuvre, un écrit, une image, un film, un son, une pensée,
qui soit une « dérive », un chemin vers l’inattendu,
en effaçant, ajoutant, et décidant de ce qui est bon de laisser apparaître.

La forme comme point de départ. La liberté comme chemin. La beauté comme arrivée.

1. La liberté.

Inabstrait consisterait à évoluer librement entre le monde abstrait et le monde figuratif, entre le monde réel et le monde imaginaire.

La liberté comme chemin.

Là-bas, plus loin, partout.

N’importe où, ici est ailleurs.

Ne pas être un concept intellectuel mais un acte artistique qui se veut libre, vivant, voire

charnel se réalisant à plusieurs.

Une liberté artistique et de regard, qu’elle se retrouve dans le processus créatif, tout comme

dans l’interprétation.

L’évocation, frontière entre ces deux mondes, esthétiques ou émotionnels.

N’être plus nulle part.

Ailleurs et ici.

2. La dérive.

Créer une oeuvre, un écrit, une image animée ou non, un son ou une pensée qui soit une dérive.

En effaçant, ajoutant et décidant de ce qui est bon de laisser apparaître.

La forme comme point de départ.

La beauté comme arrivée.

Sortir des acquis, reformuler le regard.

Que le trait soit courbe, lâche ou précis.

Qu’il exulte en la manifestation d’une forme, plus ou moins définissable ou représentative, en 2 comme en 3 dimensions.

Que les couleurs se mêlent et se confondent, les unes aux autres, avec choix, brio, technique ou qu’elles osent la recherche de l’imperfection ou celle, même, de la perfection.

Que l’esthétique globale de l’image ou de la forme inabstraite aguerrie ou non, sur volonté de l’artiste auteur, d’approcher le beau ou non, de porter un concept ou non, d’émouvoir ou non via l’un et/ou l’autre.

Des oeuvres engagées, à favoriser la possibilité d’inviter ou provoquer, une dérive visuelle, une ouverture.

Via l’in-fini, à l’infini.

3. Une singularité révélée.

Les inabstraits ont pris conscience de leur singularité collective.

Inabstrait est intraduisible en d’autres langues.

Créant des tensions en recherchant ce point de fusion paradoxal aux différences de chacun qui va amener à une oeuvre qui peut se définir comme le paradoxe d’un chaos structuré ou d’un ordre libertaire.

Mouvement paradoxal inscrit sur la définition de mouvement du XXème.

Une échappatoire sociétale dans ce monde noyé d’image.

Transformer le réel en y distillant l’intime imaginaire afin de s’évader, se ressourcer.

Une singularité, celle de l’ouverture, pas de dogme, une approche, une esquisse, une hypothèse consensuelle, une suggestion.

Venir déposer une proposition non narrative, une représentation onirique de la pensée, une

évidence abstraite, ou bien choisir le chemin inverse, indifféremment et/ou alternativement.

4. Une énergie nouvelle et constructive.

Pour les inabstraits, il s’agit de proposer quelque chose de nouveau, qui s’abstrait du réel, et qui suggère le vivant.

Sortir des acquis, reformuler le regard.

Casser les liaisons et les recombiner avec d’autres, pour créer de l’énergie.

Un souffle nouveau, pour libérer la pensée.

La pensée est créatrice, elle peut générer plus d’énergie qu’elle n’en consomme.

S’assurer un nouvel élan, global, éloigné de la pensée unique, vers l’esthétisme libre.

Cultiver l’imaginaire de tous et permettre au regardant, la possibilité d’en devenir un acteur

nouveau.

5. Du singulier à l’universel

“L’individu contracte ou concrétise, dans les limites de sa région, la généralité des éléments ; puis il leur donne libre cours, pour qu’ils retournent dans la généralité. “ (Nicolas de Cues 1406)

Cela représente bien le travail inabstrait.

Nous créons par intentions, mais de manière spontanée.

Tout se situe dans cet interstice.

Un départ intentionnel, qui grâce à la curiosité, nous permet de créer sur une voie

inattendue, sans crainte, ni enjeu.

C’est ainsi que la créature prend son autonomie, elle dépasse son créateur pour se rendre universelle.

Le spectateur est alors face à une singularité. Il est devant l’étrange. Son imaginaire s’ouvre

en lui, il s’ouvre alors à la différence.

Nous sommes sur la voie de l’étrange.